Acteurs de l’Economie
Le Stéphanois Neyret acquiert l’altiligérien Seram pour donner naissance au numéro 1 mondial de l’ornementation et identification textile des produits de luxe.
Avec un chiffre d’affaires global de l’ordre de 40 millions d’euros, la nouvelle alliance constituée des entreprises stéphanoise Neyret (21 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018 avec 300 salariés dont 140 dans la Loire) et altiligérienne Seram (19 M€ de CA avec 500 salariés dont 60 en Haute-Loire) constitue désormais un poids lourd de l’ornementation et identification textile des produits de luxe.
Elle serait même numéro 1 mondial selon Benoit Neyret, P-dg de l’entreprise familiale créée en 1823.
» Le plus gros de nos concurrents est, à présent, deux fois plus petit que nous. A l’origine, Seram et Neyret n’étaient pas positionnées sur les mêmes créneaux. Mais l’évolution des marchés nous a conduits à être de plus en plus souvent en concurrence. Face à ce constat, j’ai préféré construire un groupe fort, plutôt que de laisser s’installer un affrontement entre deux acteurs français de taille moyenne « , explique Benoit Neyret.
Profiter des savoir-faire complémentaires
Neyret est en effet spécialisée sur le packaging secondaire, en particulier sur le tissage, l’impression et l’ennoblissement de rubans pour le packaging ou la promotion ainsi que sur des solutions matérielles et numériques d’étiquetage et de traçabilité pour le prêt-à-porter.
Créée il y a 30 ans par Hervé Durand, Seram est, quant à elle, plutôt positionnée sur le packaging primaire, en particulier la conception et l’assemblage de sous-ensembles et de décorations multi-matières pour les secteurs de la lingerie, du balnéaire, des vins, de la gastronomie, de la parfumerie et de la cosmétique.
Neyret mène néanmoins de plus en plus d’incursions sur le packaging primaire. Parmi les plus importantes, celle menée l’année dernière pour Givenchy et son parfum l’Interdit. La PME stéphanoise avait réalisé un ornement textile sur mesure constitué d’un ruban élastique et d’une pièce métallique noire gravée du logo de la marque.
» Nos deux entreprises disposent de savoir-faire complémentaires qui nous permettront de mieux répondre aux clients et à leurs briefs artistiques. Nous disposerons désormais en interne des compétences en tissage, teinture, impression, découpe, assemblage, injection zamac, epoxy, RFID etc « .
Indépendance opérationnelle des deux entreprises
Les deux entités conserveront néanmoins leur nom et leur indépendance opérationnelle. Dans le cadre d’une politique RSE des deux entreprises s’affichant comme engagée, ces nouvelles compétences communes doivent par ailleurs permettre d’accélérer le plan de développement de matériaux écologiques pour le packaging, l’identification et la décoration des produits de luxe ainsi que la mise au point de nouvelles solutions matérielles et numériques d’identification d’authentification et de traçabilité.
Benoit Neyret évoque également des complémentarités en termes géographiques avec dorénavant des sites de production en France, à Madagascar, au Sri Lanka, en Chine, et en Tunisie ainsi que des bureaux commerciaux à Paris, Londres, New York, Milan, Hong-Kong et Rio de Janeiro. Une nouvelle couverture qui devrait permettre au nouvel ensemble de booster ses ventes à l’international. Neyret réalisait déjà 40% de son chiffre d’affaires à l’international.
A 5 ans, le nouvel ensemble pourrait peser 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit 10 de plus qu’actuellement.
Transformer la PME familiale en une ETI
Cette acquisition de Seram par Neyret s’inscrit dans la stratégie de son P-dg, Benoit Neyret, qui a succédé en 2017 à Thierry Neyret (décédé depuis) après une période de transmission de 5 ans. Il avait fait ses armes au sein de la start-up Kalray qu’il avait cofondée puis dont il avait assuré pendant 5 ans la direction stratégie et marketing. Benoit
Neyret souhaitait faire de la PME familiale une ETI. L’alliance avec Seram lui fait franchir le gap.
Avant même cette croissance externe, l’entreprise avait connu une progression importante en passant de 9 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2012 à 21 millions d’euros l’année dernière. Un développement que son dirigeant explique par la bonne santé de l’industrie du luxe mais aussi par le plan de transformation du modèle économique mené depuis quelques années.
» Nous étions un tisseur et un imprimeur de rubans textiles. Nous sommes aujourd’hui un concepteur de solutions sur mesure, un intégrateur. Il était hors de question pour moi de rester un sous-traitant ! « .
Ce changement de paradigme au sein de l’entreprise s’est accompagné d’une réorganisation de la production et d’une montée en compétences globale des équipes.
L’acquisition de Seram doit être finalisée le 29 novembre prochain.